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  • Le retour du fait politique.

    Voici venir le temps ou la politique reprend ses droits.

    Ne la croyez pas bardée de certitudes, elle ne se montre ainsi qu'aux benêts, c'est justement en cela que se prouve sa puissance.

    Elle qui fut, pendant près d'un siècle, voire doublement plus, abaissée et meurtrie d'avoir été remplacée par des idéologies ne plaçant que l'économie comme seul vecteur de convictions, reprend une place qui ne lui aurait jamais dû être ôtée: celle de la gouvernance.

    Ô certes, nous voyons, ici et ailleurs, se débattre tous ces idéologistes, ces songe-creux tenter désespérément de sauver une doctrine moribonde d'un monde qui désormais se refuse à eux: la ruine universelle est à notre porte, pour notre plus grand bien, pour leur plus absolu malheur.

    Il est sot de penser que ces misères économique ne concerne que la France, ou l'Allemagne, ou l'Europe et sa pauvre union, non, cette misère s'étend à la Terre entière, s'insinue jusqu'au moindre interstice de la plus infime richesse perdue dans le plus petit des ignorés recoins.

    Comme un monstre blessé à mort, un sanglier sentant sa fin prochaine, un lion d'avant son agonie chargeant une dernière fois ses chasseurs...

    Comme cette étoile titanesque tentant de survivre en brulant en son sein un carbone qui ne fera plus que fer avant qu'elle ne se fasse supernova en une implosion, explosion gargantuesque, en illumination des cieux d'une déflagration dantesque, éclairant de sa mort jusqu'aux confins de l'univers, n'en restant plus, ensuite, que les scories, les restes fumants d'une grosse boule faite de neutrons tournant en toupie folle...

    Comme tout cela, les néolibéraux, les petits et les grands, s'enflent d'aigreur et de violence autant que s'enflent ces monnaies produites ne valant plus pipette d'en avoir tant fait paraître, autant que s'enfle le nombre de ces gens entrant au chômage pareil qu'hier leurs aïeux entraient dans les tranchées pour se faire massacrer sur les sols boueux de cadavres de la Marne, de la Somme, de Verdun.

    Nos pauvres avares, pauvres fortunés, nos pauvres rapiats, pauvres grippes-sous, ces pauvres fesse-mathieu en sont, de ne demeurer si peu de temps encore maître des monnaies, maître des fortunes, maître de l'humanité, en sont à vouloir nous confisquer, à tous nous confisquer le pain et le toit, ce pain et ce toit de chacun des humains, sans comprendre que chaque dollar, chaque euro, chaque yen, chaque livre sterling, chaque billet produit, chaque zéro de plus sur un écran est une pelletée de plus du creusement du trou de leur tombe, que chaque usine fermée forge leur cercueil.

    Ils luttent à mort contre la simple réalité de leur prochaine ruine, c'est elle qui déjà les tue, les détruit, les submerge, c'est contre elle qu'ils ruent, contre elle qu'ils se révoltent, aidés en cela par toutes ces petites mains ne voulant que donner le saint baisé à la bague d'abondante gloutonnerie que porte ces nababs, en pâle imitation des catholiques embrassant pieusement l'anneau papal du pêcheur.

    Lutte entre l'apparence et le concret, entre le m'a-tu-vu et l'existant, entre le paraître et l'être, l'Être, entre la beauté de façade et la simple élégance, entre la simpliste évidence et la complexe complexité, entre l'illusoire et le réel, entre l'ostentatoire infamie de la béance narcissique d'un ego boursoufflé et la discrète splendeur de l'intime lumineux.

    Lutte, surtout, entre l'individu toujours et à jamais humain, si humain, du pire au meilleurs, et le rêve fou, délirant, aliéné des adeptes et apôtres de ce néolibéralisme des marchés et fonds de tous types rêvant de rendre chaque semblable semblable à son semblable, clones universels n'achetant jusqu'à plus soif que du tout et n'importe quoi, du moment qu'il achète en pauvre marionnette et robot.

    Lutte enfin de chacun contre chacun en une concurrence devenue rance à force de rendre ennemi le moindre des voisins, tous partagés entre pigeons, loups et hyènes, en un jeu fait de mensonges et de triches ou il ne s'agit pas de vendre de la qualité à son juste prix mais de faire croire le médiocre de qualité pour le vendre au-delà du plus cher, de ne plus vendre que du médiocre à force de ne vouloir fabriquer qu'aux prix les plus bas, les plus vils.

    Cette lutte paraissant prendre fin dans cet espace semblant ouvert d'une planète sans frontière ou une économie reine s’annihile, en vrai, du mirage de tous ses simulacres et affole de son affaiblissement, de sa prochaine chute, tous les prétendants à sa dote ultime et ridicule: le commandement du monde par la richesse absolue et suprême.

    Ce monde sans temps, sans passé, sans présent, sans futur, aux commémorations vides de sens, où seul l'achat, la vente et le P.I.B. font réels débats, gouverné d'une ploutocratie mondiale, invisible et voilé, alliée, d'un bord, d'une myriade de commerciaux besogneux et soumis, de l'autre, de gouvernances complices, élues ou pas, ce monde, dis-je, se brise sous les coups vigoureux de leur propres manquements, leur propres forfaitures.

    Et c'est de cette brisure que nous entrons péniblement en politique, nous, les peuples, hagards d'avoir trop bien, hier, écouté l'utopie marchéiste, épousé leur doxa, adoré leurs délires.

    Peuples, maintenant, ne sachant plus vraiment du dedans, du dehors, où se trouve leur identité, où se trouve les frontières du corps et de la terre, du sexe et de la peau, du langage et du lignage.

    Peuples égarés de ne plus savoir que l'intérêt ne concerne pas que celui de l'argent, que rien, hormis la ruine universelle, ne peu plus les protéger des délires funestes de nos gouvernances perdues en Ukraine, étouffées de chômage, elles qui, sous peu, seront fiévreuses et épouvantées de n'avoir rien compris de la marche du monde.

    Peuples blessés de ne plus savoir être, de ne plus savoir qui être, de ne plus savoir sur quoi fonder le Je et le Nous faisant le Tu, le Vous, le Il et le elle, le Ils et le elles, ne leur laissant plus qu'un "on" diluant toutes âmes.

    Peuples vidés de triviales images et divertissements imbéciles et frivoles polluant les esprits, les cœurs et les corps en histoires insensées et arts stériles, déversées en tombereaux par des canaux abjects de sottises dont peu ont la maîtrise sauf ces cancres, maîtres des monnaies, des crédits et des bourses.

    Peuples effilochés par la disparition des barrières douanières, frontières formulant le Soi et le Nous pour que chacun se comprenne en Soi, en Nous et comprenne l'Autre en semblable différent.

    Parce que seule la limite, toujours danger du rejet des différences ou de l'épanchement agressif, libèrent et protège des carcans du vide, de l'égarement dans l'infinité, de l'impossibilité du choix, du superficiel, de la puérilité du caprice et des simagrées des gamineries du temps.

    Seule la limite permet l'imagination, l'invention et le plaisir de la découverte du monde.

    Permet l'intelligence!

    Parce que politique est frontière et identité et que les guerres ne viennent que de la perte de l'une, de l'autre ou des deux, le reste n'étant que de les justifier.

    C'est ainsi que se fait le retour du fait politique: en disant le Je et le Nous!

    Les frontières du Corps et de la Peau, de l'identité de ses paires en la reconnaissance de Soi, en la limite de toute chose, du sol, des pouvoirs, de ses nobles droits et devoirs.

    Frontière  du citoyen sachant qu'il est le signe de lui même et de l'humanité parce que se sachant semblable et différent.

    Frontières, surtout, qui doivent se fermer au langage en charabia d'un anglais baragouiné en un phantasme vain de reconnaissances vagues d'une déplorable liturgie au dieu dollar et à ses saints dirigeants d'une maison blanche déjà avachie d'être dérisoire, d'un Wall Street qui n'est après tout que la Rue du Mur, de la rue murée, rue que personne ne peut dépasser, contre quoi chacun ne peut que se fracasser, s'y détruire d'avoir roulé trop vite, pris par l'ivresse des vapeurs de fortunes.

    Le français, en France, est notre frontière de langue!

    Sauf à être en une fédération dont la Suisse est l'exemple.

    Et non pas cette déplorable Union-Européenne dont les mérites sont autant vantés qu'elle est en vérité minable, dangereuse, certes, mais minable: n'étant que parodie de démocratie, de sagesse, de rigueur, de probité et de clairvoyance, que promesses de richesse qu'elle n'a jamais tenu d'en être totalement incapable, elle est cette incapacité, absolue incapacité, elle est parangon de cette suffisance faisant l'insuffisance, elle est infirmité institutionnelle et idéologique.

    Elle n'est rien et notre pays fait parti de ce néant.

    Alors, en une étrange aventure, ce néant se fend, se fissure, en vient à disparaître, néant retournant au néant de n'avoir été trop longtemps cru qu'en dogme illusoire.

    Ensuite la politique recouvrera ses œuvres et la société sa place.

    Elles n'est ni bonne ni mauvaise, elle est juste ce qu'elle est, juste serons-nous moins naïf après que nous ayons appris à penser par nous-mêmes.

    Ainsi ferons-nous de la politique.

     

     

    THEURIC