Nous ne sommes rien si nous nous pensons être tout.
Tout autant à ce que la société dedans laquelle nous vivons aussi que ce que nous vivons ait du sens, ce sont les limites en toutes choses bien comprises qui peuvent nous permettre, en cherchant à les dépasser, de grandir, de nous épanouir.
Et cela a un nom, le surmoi et ses deux instances sociales que sont la morale et l'éthique, le premier désignant ce qui est bien et mal dans l'action sociale du tout les jours, le second relevant de ce qui est, dans ses choix, collectivement constructeur ou destructeur, au sein d'un corps social quelconque de toutes dimensions, surtout professionnel.
La question n'est pas dans le fait que l'individu soit aujourd'hui reconnu en tant que personne, cela est définitivement posé et fait parti, dorénavant, de nos évidences partagées.
Bien qu'il subsiste de très larges part d'ombre là-dessus fortement hypocrite, à l'exemple du: "Il y a ceux qui ne sont rien et ceux qui sont tout..." d'un Emmanuel Macron souffrant d'un infantilisme forcené.
Cette reconnaissance là est d'importance dans notre modernité, du-moins elle ne doit être en rien empreinte de ce même infantilisme.
La question, dès lors, se trouve à se poser de nos responsabilités envers nos semblables, donc de ce que l'on peut faire et ne pas faire en société.
Tout autant que de comprendre que ce n'est pas ce surmoi, la morale qu'il nous faudrait dissoudre, dont nous ne devrions plus en être astreint, de comprendre que cette amoralité ne peut être le fait que de personnalités psychiquement instables.
De saisir en plein que pour pouvoir nous développer, tant individuellement que collectivement, il nous faut savoir mettre momentanément en veilleuse ces mêmes interdits, de devoir être ponctuellement un instant dans l'inconvenance, en en conservant toute conscience, le temps, pour nous, d'être dans un processus d'invention, de création et de découverte.
Et puis, n'y a-t-il pas plaisir, par exemple, à être dans l'humour grivois au risque d'une lourdeur rigolarde entre gens de bonne compagnie, grisés d'un doux breuvage alcoolisé?
Or et j'y reviens, c'est la pensée correctement développée qui, en aiguisant nos capacités d'observation par son effet de développer notre conscience et, par delà, notre intelligence qui, à la suite de l'éducation de notre enfance, verra morale et éthique complétés tout au long de notre vie;
D'en trouver tout autant leurs limites pour éviter un carcan trop pesant nous empêchant toute création et découverte.
Ainsi ne découvrirait-on pas que si, ce qui existe de fait et pourrait être observé et que nous ne voyions pas, aveuglé par cet interdit de ne pouvoir voir la nouveauté, nouveauté qui se révélerait en nous dès que nous remettrions en question les connaissances de l'époque en écartant pour un temps ces mêmes interdits?
N'en serait-il pas de même pour toute réelle création et œuvre artistique?
Plus encore, si ce surmoi se trouve trop affaibli, si nous nous retrouvons à n'avoir que trop peu de ce sens de la limite, nous nous serions mis de fait au-devant d'un vide de nous même nous empêchant plus encore de concevoir la possibilité desdites nouveautés et créations.
De plus, comment pourrions-nous apprendre, comprendre et être curieux si notre surmoi ne nous imposait pas d'être attentif au monde pour recueillir tout cet entendement en notre cerveau comme une sorte de réceptacle mental, comment le verre pourrait-il être rempli si son fond est percé?
Comment sinon notre cognition pourrait-elle être effective?
Il ne s'agit pas là de gaver comme une oie sa mémoire de savoirs incompris mais bien plutôt de saisir au mieux ceux-ci pour ensuite le reformuler en soi pour développer une pensée éclairante, de se le rendre utile et utilisable à vie.
De plus, comment pouvoir Être si nous ne mettons pas de barrière entre le Moi et le Nous, si nous ne savons pas faire preuve de ce tact posant le respect dû à autrui, de le reconnaître en tant que tel?
Comment pouvoir être vraiment à l'écoute de notre vis-à-vis sinon?
Ce qui n'empêche en rien une provocation douce, légère, si la nécessité s'en révèle, ni même la colère légitime.
La pensée a un absolu besoin de cette limite, c'est pourquoi, pour être déterminé tant dans le temps, dans notre être comme dans nos actions, il nous faut savoir ce qui est bien et ce qui est mal en comprenant les raisons d'être desdites limites, de ce que l'on doit, l'on peut faire ou ne pas faire.
Tout comme la maison a besoin de murs et d'un toit pour exister, pour y loger et y vivre.
Sinon nous nous annihilerions dans un angoissant bâillement d'ennui avec, pour seuls viatiques d'existence, en un narcissisme et un ego dévoyés remplissant ce vide béant, prenant forme d'une méchanceté multiforme et difforme doublé du partage d'un monde imaginaire avec tous ceux qui, similairement que nous, se trouveraient à ne pas avoir cet obstacle à surmonter qu'est cette clôture sociale: le surmoi.
Si ce ne sont pas les anxiolytiques, les drogues, l'alcoolisme et toutes les autres pulsions autodestructrices qui ravagent tant les corps que les psychismes, prenant la place de notre Être pour oublier de ne savoir qui être.
Parce que le suicide est l'acte social ultime de se sentir, à tort ou à raison, rejeté par la société, mais toujours d'être socialisé, est encore le signe d'existence d'être Soi en tant qu'Être sociale.
Quand, à l'inverse, celui qui ne se sent plus, ne se sentit jamais avoir été Soi-même ne se suicide pas mais vivote dans son vide de vie puisque n'ayant pas en lui-même cette enceinte mentale déterminant sa réelle socialité.
De se sentir, même entouré de monde, même d'être en famille, mais seul, terriblement seul de ne pas savoir ce qu'est qu'être Soi, de ne savoir pas reconnaître en cet autre comme étant autant semblable que différent que Soi.
Ô il est vrai, d'avoir l'impression, le sentiment de ne pas avoir de limite en rien peut donner la sensation d'être tout puissant, mais toujours, toujours la réalité rattrape le quidam ayant cette perception plaisante, fausse et infantile.
Chacun en effet sait ou apprend que ce n'est pas de savoir agir et penser d'une sorte, sur un sujet, qui peut vouloir dire de pouvoir le faire d'une autre sorte, d'un tout autre sujet, c'est en cela aussi que de reconnaître ses forces et ses faiblesses, ses facilités et ses difficultés, ses facultés et ses impuissances, montre à chacun d'entre-nous ses propres limites: personne n'est tout puissant, personne ne sait tout faire, jamais.
C'est en cela que nous sommes tous complémentaires.
Du-moins faut-il pour cela réduire autant que faire se peut un quelconque complexe d'infériorité (j'en sais quelque chose) que d'un hubris plus néfaste encore.
Le savoir-vivre, la bienséance, la délicatesse, la vertus, la finesse, l'élégance.., voici six de ces maîtres mots désignant la noblesse, autant celle du cœur que de l'esprit, qui ne doivent en rien faire oublier la rigueur de la réponse à toute forme d'agression.
Cette noblesse ne désigne plus une aristocratie, ce gouvernement des meilleurs, depuis plus de deux siècles, mais celles et ceux qui sont d'envie de devenir au mieux Être Humain en parcourant le chemin sans fin de ce devenir.
N'est pas obligatoirement noble celui et celle au plus haut de la hiérarchie sociale, ce serait presque une forfaiture que de le croire, une terrible erreur, cela ne dépend pas non plus d'un quotient quelconque, intellectuel, émotionnel ou autre.
Il s'agit juste de savoir qui nous sommes, de l'identité de authenticité de notre entité, de se comprendre en Soi, du-moins de se vouloir être dans cette dynamique là, aussi que de connaître les règles sociales qui nous animes, de les respecter autant que de savoir y déroger avec toute la raison nécessaire.
( Notre monde n'est pas fou, il a juste sa structure interne terne devenu incompréhensible par l'égarement de ce que peut vouloir dire en France d'être français, en Pologne d'être polonais, en Chine d'être chinois, en Espagne d'être espagnole, en Grande-Bretagne d'être britannique, en Californie d'être californien, en Allemagne d'être allemand..., en Europe d'être européen, ce dernier n'étant ni un pays, ni un état, ni une nation, mais juste une union décidée par la thalassocratie impériale étasunienne.
Souvent, si nos gouvernements ne savent pas ce qu'ils font c'est parce qu'ils ne savent pas qui ils sont, plongés qu'ils sont dans leur sentiment de toute puissance et dans leur monde imaginaire, seuls, ensembles, parce que indéterminés par leur manque cruel de limite.
Leur narcissisme et leur ego blessés d'une incommensurable boursouflure venu de ce vide du manque de démarcation, de frontière, psychique autant que physique, les rendant, de plus, totalement aveugles à eux-même et aux autres, dans la plus totale incapacité de pouvoir se projeter dans le temps, ne pouvant pas conceptualiser les effets de leurs actions passées autant que présentes.
Et, comme des gamins capricieux, accusant les autres, n'importe qui, de leurs propres manquements et grandes insuffisances.
S'insinuant, de plus, au sein de leurs groupes, quelques malfaisants pervers, au narcissique dévoyé et malade, les enfonçant toujours plus en leur croyance fausse en leur inégalable efficience.
Je ne les excuse en rien mais juste pense tenter de donner du sens à ce qui semble ne pas en avoir. )
Ainsi nous faut-il autant cultiver notre pensée que notre détermination en déterminant au mieux nos limites, notre façon d'y déroger, tout en définissant au mieux notre identité individuelle et collective.
Ce n'est pas seulement notre monde qui attend que nous recouvrions notre intelligence, c'est l'univers qui, lui, attend de nous que nous le découvrions en son infinie aventure.
Parce que que peut être l'Être Humain si l'aventure ne lui tend pas les bras, sinon qu'une ombre, l'ombre de lui-même.
Et que peut-être la noblesse sans cette double aventure, celle de la découverte de l'infini de l'univers et l'infinité de ce que nous sommes nous-mêmes?
La noblesse ne se trouve plus en l'aristocratie mais peut émerger en chacun d'entre-nous, et de cette noblesse découverte, la sagesse nous guette.
THEURIC