Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • idée n° 8: Essai de début de réflexion sur le temps présent et notre proche avenir.

    Nous sommes face à ce qui nous semble être, politiquement, une impasse, or je suis convaincu que cela n'est pas et que cette impasse ne vient que de ce que nous n'avons pas, au-devant de nous, les outils conceptuels nous permettant d'envisager d'autres horizons que ceux auxquels nous fûmes antérieurement confrontés.

    Or, depuis déjà plusieurs décennies, toutes les sociétés ont évolués et évoluent toujours à un rythme accéléré et elles se transforment sous nos yeux à une vitesse prodigieuse sans que nous n'en ayons pleinement conscience.

    De plus, ceci s'est accompagné d'une théorie politico-économique dite néo-libérale, autrement appelée marchéiste qui, mettant la pensée politique au second plan, nous empêche la formulation de nouveaux concepts.

    Cette théorie n'est pas d'une grande nouveauté, ses deux siècles d'existance la place, au contraire, dans le prolongement de réflexions pûrement économiques dont les fondements s'ébauchèrent à une époque ou vivaient sur Terre moins d'un milliard d'habitants et, aujourd'hui, avec une population mondiale multipliée par plus de sept, nous sommes au seuil de son achèvement.

    Mais il est à remarquer que ce qui fut des trois ordres anciens: le religieux, le guerrier et le marchand, les deux premiers se retrouvent dans les pays européens, sous une forme ou sous une autre, sous le contrôle étatique: l'anglicanisme de Grande-Bretagne sous la férule de la reine, laïcité française, l'impôt religieux allemand,..., pour ce qui est des religions (avec des exceptions telles que la Grèce); les forces armées, quand à elles, sont assujéties, de par leurs fonctions régaliennes, à l'état montrent la nécessité des gouvernements de maîtriser ces vieux ordres.

    Cela se fit, dans l'histoire avec beaucoup de difficultés, des avancées et des reculs

    Il n'est, donc, que les puissances financières qui échapent encore à la régulation des nations.

    C'est, je le pense, la cause majeur des difficultés devant lesquelles nous sommes: n'avoir pour seule horizon d'une pensée politique et de la chose publique que des considérations de l'ordre de l'économisme et du monétarisme arc-bouté sur une philosophie sociale purement individualiste (pensée archaïque totalement différente et opposée de ce que peut être l'individualité) en mésestimant ce que peut-être l'organisation et la régulation, les équilibres des pouvoirs, la recherche de la justesse des prises de décisions, les avis contraires, le symbolisme, l'histoire et la géographie,..., toutes ces dimensions pénétrant les sociétés, d'autant plus quand leur complexité atteint, comme en Occident (Japon compris) ou dans les pays émergeants un certain seuil nécessitant une démocratie représentative.

    Ce pouvoir, dit néo-libéral ou marchéiste, d'essence oligarchique de type ploutocratique et de genre ubuesque semi-totalitaire perd progressivement de ce qui fait la force et la durée de tout pouvoir, son intelligence et son esprit de création: soit par le rejet de ses éléments les plus contradicteurs donc ceux qui sont  intellectuellement les plus vigoureux, indépendants et inventifs, soit par l'éloignement décidé et délibéré de ceux-ci pour divers raisons.

    Nous sommes dans ce moment où ces forces gangréneuses ne sont plus dans la capacité de leur propre survie, mais entre temps elles aurons destabilisé l'ensemble des sociétés et, tant qu'elles tiennent encore, et la survivance du dollar en est l'étalon, nous pouvons considérer deux choses: la première est une déstabilisation accrue des sociétés, la seconde que  nous ne sommes pas encore dedant l'immense cataclysme accompagnant cet effondrement, la question n'étant pas de savoir si il aura lieu mais quand.

    Or, quand cela aura lieu, l'ensemble des vieilles forces inconscientes, parce que misent sous le boisseau, rejailliront au grand jour chez tous les peuples et, parce que le politique reprendra ses droits, les jeux de force à l'intérieur des pays et entre les états, la géopolitique, l'inconscient des peuples, les contradictions entre traditions, conservatismes et la modernité, les frustrations... pourrons facilement se muter en agressivité, parfois la plus extrême.

    N'oublions jamais cet étrange attraction des peuples pour leur inconscient social. Étrange parce que les peuples sont attirés, aspirés par cet inconscient en en ayant véritablement ni le désir, ni l'envie et sans même que cet inconscient s'exprimât jamais d'une semblable manière.

    Tout compte fait, le véritable danger, de tout temps, fut et reste la passion des hommes, elle peut-être constructive et bâtisseuse en un éros fabuleux, flamboyant ou, quand elle s'est tournée vers le sombre regard des pulsions destructrices, peut devenir un thanatos grimassant.

    Il est, à mon sens, totalement inutile de considérer la perversité du néo-libéralisme ni même son effondrement, tout simplement parce que ce n'est que s'encombrer l'esprit d'évidence puisque cet évènement aura lieu, quelque soit la façon que cela se fera. En revanche il est d'une extraordinaire urgence de songer l'instant de cet effondrement et de sa suite dans le court terme, de s'y préparer, non pas en individualiste, avatar désuet et morbide du marchéisme, ni en un réflexe purement collectif, réaction primitive et dangereuse qui ne viendrait qu'en réaction de la tentative d'effacement de la notion même de peuple mais dans une action dont le socle serait l'individualité, c'est-à-dire la compréhension conscience de sa propre existence et de celle de l'autre, de la conscience en son inconscient mise en corrélation avec l'existence propre et distinct de chaque autre être humain, de son respect, ainsi que de la compréhension et du respect de la vie en société (compréhension et respect voulant dire, aussi, souplesse et égratignement des dits respects de l'autre et la vie en société). Cela ne retire en rien la nécessité absolue que chacun d'entre nous, ainsi que les sociétés ont de se défendre.

    Des questions telles que qu'est-ce que la démocratie, qu'est-ce que notre modernité, qu'est-ce que la propriété, à qui appartient véritablement une usine, une liasse de billets, un sol, le ciel, une molécule, une idée, une oeuvre, un homme, une femme, un enfant, un chien, une touffe de cheveux, quel taux de perméabilité pour les frontières, quel est le minimum de savoir que doit avoir acquis chaque enfant, quelle est la place du citoyen dans la société, la place du religieux, la place du bandit, du gendarme, du politique, la place du savant, de l'ignorant, du différent, du géni et du crétin,...,etc,...? Toutes ces questions et une myriade d'autres, tant d'autres, ne doivent plus être dans l'obscurité de notre peur du savoir et du comprendre, de son rejet, mais jaillir, rejaillir au grand jour en une force irrésistible.

    Parce que, en fin de compte, le néo-libéraliste, l'individualisme sont, pour l'essentiel, que pures pensées obscurantistes, que purs obscurantismes d'où ego et narcissisme, ces deux frères jumeaux, puisent leurs puissances.

    C'est la raison pour laquelle j'appelle à une nouvelle renaissance!


    THEURIC

  • Fiction 8) Famine

     

    Lord Henry Lowston aimait se retrouver à Paris, y muser dans les petites ruelles, s'arrêter dans l'un de ces minuscules squares si souvent discrètement dissimulés aux yeux de ceux qui n'y étaient pas voisin et parsemant les quartiers de la capitale.

    C'était pour une mission de la plus haute importance qu'il était venu, ce jour là, en France et il avait donné, pour cela, rendez-vous dans un de ces lieux furtifs à un conseillé de la présidence française.

    Il faisait froid.

    Un pâle soleil de fin d'hiver tentait de réchauffer un sol qui n'avait connu que froidure et neige et il était possible de voir combien le dernier épisode neigeux fut rude par l'amoncellement de glace restant encore au sol là où l'ombre portée par les bâtiments empêchait tout adoucissement.

    Enfin Patrick arriva à grandes enjambées, un large sourire au lèvre et tenant un sac plastique de sa main gauche et une baguette sous le bras.

    Le Lord trouvait amusant ses manières très française sans être dupe que son propre style soit lui aussi si britannique, rien que son haut de forme qu'il troquait contre une casquette lors de ses voyages à l'étranger le montrait autant caricatural que son ami.

    Patrick Delacase, martiniquais, était de ce teint mi noir, mi indien qui seul se rencontre dans les Antilles françaises.

    « Bonjour Henry, » dit le conseillé avec son fort accent antillais et en lui serrant la main, « Qu'y a-t-il de si grave pour que nous nous donnions rendez-vous dans un tel endroit ? Tiens, vu l'heure de midi, j'ai amené de quoi nous restaurer. »

    Et joignant du geste à la parole il sortit de son sac un couteau, un saucisson, deux verres et une bouteille de vin, posa le tout, avec la baguette, sur une grande serviette qu'il avait étalée sur le banc se trouvant près d'eux puis, tout en débouchant la bouteille à l'aide du tire-bouchon du couteau, il ajouta :

    « Vas-y, je t'écoute.

    -Patrick, la Grande-Bretagne est au bord de la famine, je viens ici, au nom de ma reine, faire l’aumône à la France et à l'Europe. »

    Son interlocuteur faillit lâcher la bouteille, son sourire s'évanouit, il le regarda intensément :

    « La situation est-elle si urgente ? Votre agriculture est-elle tant mal en point pour que vous ne puissiez plus nourrir votre population ?

    -Nos hurluberlus tatchériens ont dilapidé le peu de ressources que nous avions encore et l'agriculture en fut particulièrement touchée, l'élevage a, de plus, souffert du scandale de la maladie de la vache folle qui s'étendit tout de même sur près de quinze ans, nous n'avons quasiment plus que les possessions agricoles royales et aristocratiques, à peine entretenues, pour nous alimenter et elles nous fournissent bien moins que le nécessaire, en fait nous n'avons plus que pour un mois de réserve en vivres, pourquoi à ton avis tant de mes compatriotes quittent, depuis des décennies, leur ile pour venir chez vous ?

    -Ici aussi nos néo-libéraux ont ratiboisé notre agriculture. Tiens, mange ça, ça requinque » dit le conseillé en lui tendant un morceau de saucisson et de pain, puis il lui servit un verre de vin, « c'est un bourgogne, un petit exploitant le produit, tu m'en diras des nouvelles.

    -Vous pouvez encore vous nourrir de cochonnaille et boire du vin, nous, nous avons le whisky, la City et la presse people, tu ne perds pas au change. Ton pain n'est pas mauvais non plus...

    -Et le Commonwealth ?

    -Chaque pays a prit son indépendance même si ce n'est pas officialisé, ils ont saisi l'occasion pour faire sécession et restent sourds à toutes nos demandes, je les comprends, chaqu'un d'eux ont également des problèmes à n'en plus pouvoir.

    -Et qu'en est-il des émeutes du mois dernier ?

    -Nous en sommes venu à bout mais maintenant nous faisons face à une menasse bien plus importante.

    -Laquelle ?

    -Le mouvement républicain à le vent en poupe et nous craignons de plus en plus un coup d'état, c'est la raison de ce rendez-vous discret, nous devons absolument cacher la réalité de notre situation sinon je ne sais pas dans quelles aventure cela nous amènerait.

    -Bon, j'en parlerais à Pierre Verneuille, lui et Otto Stücberg sont de véritables magiciens et obtiennent ce qu'ils veulent de la commission européenne, la seule crainte d'un coup d'état au Royaume-Uni va faire que tout le monde va racler ses fonds de tiroirs pour vous faire parvenir ce dont vous avez besoin. Je te conseillerais que tout cela soit sous le contrôle de l'état...

    -C'est le Prince Charles qui a pris les rênes du pouvoir, c'est lui qui a démissionné le précédent premier ministre, un fou furieux qui ne voulait que sauver la bourse, et je te prie de me croire que le prince se démène vraiment pour son royaume, je découvre un grand homme dans cette période troublée, en réalité c'est lui qui m'envoie, sa mère, la reine, vieillissante, ne mesure pas vraiment l'ampleur de la catastrophe.

    -L’Écosse et l'Irlande ne peuvent pas vous aider ?

    -Ils font ce qu'ils peuvent, c'est à dire pas grand chose. Patrick, nous sommes réellement dans la panade et il n'y a que l'Europe pour nous sortir d'affaire.

    -Tu ne crains pas que la droite néo-libérale...

    -Il n'y a plus de droite néo-libérale, le parti conservateur est royaliste, les démocrates libéraux ont quasiment disparu et le labour party se radicalise de plus en plus, devient républicain et constitutionnaliste, notre pays, comme le vôtre, est en train de changer, mais nous, nous sommes au bord du gouffre.

    -J'ai compris. »

    Tous deux se mirent à manger en silence. Deux pigeons s'approchèrent d'eux prudemment. Lord Lowston dit :

    -Ne trouves-tu pas que ces deux volatiles ressemblent furieusement à nos pays respectifs ? »


    THEURIC